Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le blog de doña Fabiana

Le blog de doña Fabiana

Lectures, histoire, temps présent, archives, réactions, stupéfactions, coups de gueule, coups de vent, coups de bol


Serendip, conte perçant ... ou les vertus de la sagacité accidentelle

Publié par doña Fabiana sur 13 Juin 2009, 05:00am

Catégories : #La Lettre de Doña Fabiana

ANDEL Pek van ,  BOURCIER Danièle, De la sérendipité dans la science, la technique, l'art et le droit : leçons de l'inattendu, éd. L'Act Mem, 2009, 300 p. (coll. Libres Sciences). ISBN : 978-2-355-13018-2

 

"As their highnesses travelled, they were always making discoveries, by accidents and sagacity, of things which they were not in quest of: for instance, one of them discovered that a mule blind of the right eye had travelled the same road lately, because the grass was eaten only on the left side, where it was worse than on the right”. Now do you understand ‘’serendipity”? One of the most remarkable instances of this ”accidental sagacity” (for you must observe that ”no” discovery of a thing you ”are” looking for, comes under this description) was of my Lord Shaftsbury, who happening to dine at Lord Chancellor Clarendon’s, found out the marriage of the Duke of York and Mrs. Hyde, by the respect with which her mother treated her at table.


W.S. Lewis, ed., ”Horace Walpole’s Correspondence”, Yale edition, in the book by Theodore G. Remer, Ed.: ”Serendipity and the Three Princes, from the Peregrinaggio of 1557, Edited, with an Introduction and Notes, by Theodore G. Remer, Preface by W.S. Lewis”. University of Oklahoma Press, 1965. LCC 65-10112.“

 

 


Livre en trois parties qui peuvent se lire dans le désordre. Livre 1 Du phénomène et de son histoire donne un historique du mot (à partir du conte persan, de son plagiat par Voltaire dans Zadig, etc.) ainsi que des composantes de la notion que Horace Walpole définissait lui-même comme une « sagacité accidentelle ». Donc les composantes sont chance ou accidents (traductions discutables du mot chance en anglais) et sagacité. Le champ sémantique de la chasse (exploré à partir d’une observation de Claude Bernard) permet aux auteurs de faire d’intéressants rapprochements étymologiques (pp. 40-41) avec des mots comme « investigation », de vestigia, trace, empreinte de pas, ou explorer, de explorare, crier (plorare), pour débusquer un animal ou encore at random, « qui décrit les mouvement d’un animal qui cherche à échapper à un chien en faisant des zigzags ».

Le passage de la notion de serendipity à une méthode de recherche est plus délicat dans les chapitres suivants. dans « définition d’un chercheur », l’anormalité, la non anticipation sont présentées comme les qualités des données trouvées par cette méthode. Cela me paraît très discutable d’autant plus que les auteurs, pourtant largement inspirés dans les chapitres précédents par les questions étymologiques, ont passé à la trappe dans celui-ci le mot méthode qui vient du grec mêta-hodous, qui veut dire « après la route ». Je pense que la recherche consiste précisément à élaborer des données qui ne sont pas déjà là, ni anticipées. D’ailleurs, le mot « données » pose aussi problème …


Dans l’analyse d’un logicien (chapitre suivant), ce sont les techniques d’articulation du raisonnement qui sont mises à plat (induction, déduction, abduction ou rétroduction). Tout tourne autour de l’hypothèse (du grec hypo…). C’est au chapitre suivant (le sémioticien) que l’on croit comprendre que la serendipité a un lien de parenté avec la démonstration et la conviction. Le sémioticien donne le sens qui permet de croire à quelque chose ou au lien entre deux choses. On s’éloigne un peu de la serendipité. Surtout, on aurait voulu trouver une réflexion sur la gestion de l’erreur et comment manœuvrer les incertitudes. Le dernier chapitre, De la discussion, semble plutôt une utile conclusion générale.

Dans le livre II, Des cas et leurs narrations, faisant suite à de nombreux cas de serendipité, se trouve (p. 211) un chapitre intitulé « Serendipité et effets pervers. » Les auteurs posent la question de savoir si les effets pervers sont le résultat d’une erreur et limitent leur analyse aux décisions politiques et aux lois.


La différence proposée entre les deux est intéressante : « la sérendipité se manifeste dans les activités individuelles ou coopératives (recherche scientifique, technique et artistique) et l’effet pervers dans les logiques collectives (décisions, applications de normes, etc). »

Les auteurs confessent avoir hésité à traiter des effets pervers dans leur ouvrage. Pourtant, c’est là, à mon avis, qu’ils en donnent une définition importante « la sérendipité et l’effet pervers sont deux conséquences de notre ignorance »
Ce qui apparaît fondamental, bien que les auteurs ne le formulent pas comme cela, c’est que la serendipité n’est pas un processus mais une situation dans laquelle rien n’est connu et, soudainement, quelque chose est connu. Il est dommage alors que les auteurs – dont l’un est juriste – n’aient pas davantage insisté sur la notion d’intention, pourtant au cœur de l’idée de sérendipité, pour donner une définition plus simple : la sérendipité, c’est l’atout de la connaissance débarrassée de finalité et d’intention.

 


PRÉSENTATION DE L'ÉDITEUR

La Sérendipité c'est le don de faire des découvertes inattendues, de tirer parti d'un fait imprévu, de trouver ce qu'on ne cherche pas dans la science, les technologies, le droit, l'art, la politique. Ce sont des inventions et des créations accidentelles mais favorisées par « des esprits préparés ». Un cas de sérendipité, par définition, est une observation surprenante suivie d'une explication juste, confirmée scientifiquement par exemple. Le hasard est donc insuffisant à rendre compte de ce phénomène au cœur de la créativité et de l'innovation conceptuelle et technique, et à la source de nouveaux paradigmes scientifiques.

  Ce mot imprononçable a été forgé par Horace Walpole en 1754 à partir du conte persan des Trois Princes de Sérendip (repris par Voltaire dans Zadig). D'abord utilisé dans les sciences exactes, et dans les sciences sociales par R.K. Merton et U. Eco, il pénètre aujourd'hui par cet ouvrage le monde du droit, des politiques publiques et de la décision.

  Ce livre propose l'histoire, la théorie, la pratique et une typologie de la sérendipité : chaque cas est une idée forte, une leçon d'interprétation de l'inattendu, comme la radioactivité naturelle, l'art abstrait ou l'effet pervers d'une loi. Il rend compte de la réactivité à un fait imprévu comme source d'improvisation dans la genèse des idées et l'histoire des hommes.

  Pek van Andel, chercheur en sciences médicales à l'Université de Groningue et Danièle Bourcier, directrice de recherche en sciences juridiques au CERSA, CNRS, explorent la sérendipité dans leurs domaines et au-delà. Hymne à la liberté de chercher et de trouver, ce qui le rend dans les temps actuels particulièrement opportun, ce livre s'adresse aux chercheurs et innovateurs de toute discipline et particulièrement à ceux qui élaborent des lois et inventent des politiques. Il est recommandé à tous ceux qui enseignent que, pour découvrir et prévoir, il faut « être préparé » à observer les faits, se servir de l'imagination, être attentifs aux impacts en chaîne et même utiliser l'erreur sublime.

 

 

 

 

(Présentation de l'éditeur)
Lien avec le site de l'éditeur :

HTTP://www.lactmem.com/medias/livres_2008/serendipite.html

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents